Aaah la grippe. Quelle merveilleuse façon d’être arrêtée net !
C’est enfin les vacances, les dernières avant le grand saut de ce printemps et c’est elle qui prend le dessus. Mais quelle aubaine aussi d’être arrêté net ! Il faut le voir ! L’aubaine d’aller plus encore chercher au fond de nous-mêmes, ce qui peut être nettoyé (merci-bis Oriane 🙂) et l’aubaine de pouvoir penser sans arrêt (la nuit, le jour) à ce qui peut encore être amélioré, à ce qui peut être développé, aux chances qu’il nous reste.
La guerre, pas loin, donne après le COVID un ton tout autre. De la tristesse, de l’empathie qu’on ne sait où placer et cette impuissance démesurée qu’on ressent jusqu’dans le fond du ventre. La guerre est toujours présente sur notre planète et je rejoins aussi ceux qu’on-ne -regarde-même-plus, qui semblent tristes plus qu’alors, ces jours, d’être les oubliés. Elle touche aussi depuis toujours nos familles, de près ou de loin. Papa est né en Belgique en 42, Hossein a fuit l’Iran sous les bombes pour rejoindre notre pays alors qu’on entrait dans l’âge adulte. Il parait que même notre grand-oncle a fui Stalingrad et qu’on est beaucoup à avoir des histoires qui se ressemblent. Mais aujourd’hui elle nous touche de près et notre génération ne la connaît presque pas.
Ici on est surtout en guerre contre nous même, contre tout ce qu’on déteste chez nous, contre tout ce qu’on reproche aux autres pour justifier qu’on pourrait vivre-mieux sûrement (loin d’eux!) et contre tout ce qu’il reste à changer pour ce bonheur enfin. On revendique, on pose nu avec nos stigmates, on vote en public, on se vaccine en plaidant, on s’insurge puis on s’insulte par toile interposée. Mais cette guerre-là, celle juste là qu’on voit à la télé depuis 6 jours, on la connaît peu et c’est terrifiant de la voir qui s’avance.
Bien plus terrifiant que d’avoir la grippe et de sortir du COVID avec tout ce que cela implique sur le plan entrepreneurial, aussi oui.
Alors je me surprends à prier et je me souviens encore de l’amour. Il n’y a et il n’y a toujours eu que l’amour jusqu’ici. Et ce, malgré les p’tits couacs, les coups de gueule, les coups bas rencontrés ci et là, les ajustements nécessaires, les crêpages de chignons silencieux, les limites qu’on pose enfin, les remises à niveau, les calibrages opportuns et tous les blablabla qui font l’humain somme toute si humain.
Il y a des tonnes d’amour et de chemins qui rassemblent. C’est doux de s’en rappeler!
Notre chemin-qui-rassemble « à nous » c’est ce grand amour pour notre métier: la cuisine. L’amour de vous servir. L’amour pour ce produit responsable & local après lequel on court à chaque saison et qu’on apprête de mille façons (et notre passion pour ces circuits toujours plus courts) . L’amour pour ces humains autour qui s’arrêtent parfois, puis choisissent de traverser notre petit monde pour quelques éclats de joie. Et des chemins qui rassemblent il y en a des milliers !
Alors j’ai de la tendresse pour cet instant précis et pour ce rappel à l’amour tombé au milieu d’un après-midi-plein-d’grippe!
– Cabrel, mon amour! Tout cet amour pour toujours! Sur tous ces chemins qui rassemblent ! Regarde bien ! Ta place est sauve!
2022 s’annonçait belle! On ne renonce pas, elle peut encore ! Nos poches vides et nos coeurs pleins continueront de battre la chamade pour le bonheur de vos papilles, c’est le chemin qu’on a choisi. Cela n’éloignera pas tout ce qui bouscule dehors, cela ne fera pas de nous des héros (nous n’en avons pas la carrure), mais cela contribuera aux petits instants de douceurs et d’échanges bienveillants & bienvenus de ce monde qui sait aussi nous rassembler.
#supportUkraine
